Les Fleurs du Mal, recueil de poèmes publié par Charles Baudelaire en 1857, est considéré comme l’une des œuvres majeures de la poésie française. Néanmoins, lors de sa parution, certains poèmes ont été censurés. Découvrez quels sont les 6 poèmes en question et les raisons de cette censure, ainsi que le contexte de l’époque qui a influencé cette décision.
La publication des Fleurs du Mal et la censure
Les Fleurs du Mal ont été publiées en juin 1857 et ont immédiatement rencontré un succès de scandale. En effet, la vision de Baudelaire sur la beauté, la moralité et la société a été perçue comme choquante et provocatrice. Le 20 août 1857, un procès fut intenté à Baudelaire et à son éditeur, Auguste Poulet-Malassis, pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». La justice française condamna les deux hommes à des amendes et ordonna la suppression de six poèmes du recueil.
Les 6 poèmes censurés
Parmi les 100 poèmes des Fleurs du Mal, voici les 6 qui furent censurés suite au procès de 1857 :
- Lesbos : Ce poème célèbre l’amour entre femmes sur l’île grecque de Lesbos et évoque l’homosexualité féminine. À l’époque, ce sujet était considéré comme tabou et immorale.
- Femmes damnées (Delphine et Hippolyte) : Ce texte décrit la relation passionnelle et destructrice entre deux femmes, Delphine et Hippolyte, évoquant également l’homosexualité féminine.
- Le Léthé : Faisant référence au fleuve mythologique de l’oubli, ce poème offre une vision sombre et désespérée de l’amour charnel, dépeignant les amants comme des êtres condamnés.
- À celle qui est trop gaie : Ce poème met en scène une femme aux mœurs légères, vivant une existence de luxure et de débauche.
- Les bijoux : Ce texte célèbre le fétichisme et la sensualité dans une relation amoureuse, avec une description explicite du corps de la femme.
- Les métamorphoses du vampire : Inspiré du mythe du vampire, ce poème évoque la perversité et les plaisirs interdits.
Ces six poèmes ont été retirés de l’édition suivante des Fleurs du Mal, en 1861. Ils ne réapparaîtront qu’en 1949, dans une édition posthume du recueil.
Pour comprendre la censure des poèmes de Baudelaire, il est important de replacer les Fleurs du Mal dans le contexte social et culturel de l’époque. Les années 1850 en France étaient marquées par une certaine pudibonderie et un conservatisme moral, sous le règne de Napoléon III. La poésie de Baudelaire, avec ses thèmes provocateurs et ses descriptions crues, était en opposition avec les valeurs de l’époque.
Le rôle de la critique littéraire
La réception des Fleurs du Mal fut également influencée par la critique littéraire de l’époque. Certains critiques, comme Gustave Bourdin ou Jules Janin, dénoncèrent l’immoralité et la décadence des poèmes de Baudelaire. D’autres, à l’image de Théophile Gautier ou Charles Asselineau, prirent la défense de l’œuvre et saluèrent l’originalité et la beauté des poèmes.
L’influence de la censure sur les Fleurs du Mal et la postérité de Baudelaire
La censure des Fleurs du Mal eut un impact considérable sur la vie et l’œuvre de Baudelaire. L’interdiction des six poèmes le marqua profondément et influença ses écrits ultérieurs. Cependant, cette censure contribua également à la notoriété de l’œuvre et de son auteur. Les Fleurs du Mal devinrent un symbole de la résistance à l’ordre moral et une source d’inspiration pour de nombreux artistes et écrivains.
Une reconnaissance tardive
Malgré la censure et les polémiques, les Fleurs du Mal sont aujourd’hui considérées comme un chef-d’œuvre de la poésie française. Le génie de Baudelaire a finalement été reconnu par la postérité, et les six poèmes censurés sont désormais intégrés à l’ensemble du recueil, témoignant de l’évolution des mentalités et de la liberté d’expression.
Les 6 poèmes censurés des Fleurs du Mal de Baudelaire nous offrent un regard sur la société du XIXe siècle, ses tabous et ses préjugés, mais aussi sur la lutte pour la liberté d’expression et la reconnaissance artistique. Aujourd’hui réintégrés dans le recueil, ils attestent de l’évolution des mentalités et de l’importance de continuer à défendre la liberté artistique face à la censure.