Navire discret par nature, le sous-marin a depuis sa mise en service et ses premières missions tactiques nourri les fantasmes collectifs et les visions artistiques. En effet, ce submersible, capable de se déplacer aussi bien en surface qu’en profondeur, est devenu un outil militaire indispensable pour les grandes puissances qui souhaitent manifester leur force sur toutes les mers du globe. Si les romans d’espionnage ou les films en ont souvent fait les héros de leurs épopées, le public ne connaît pas toujours bien le fonctionnement de cette force navale aussi dissuasive que secrète.
Car si le sous-marin a de multiples applications civiles, notamment dans la recherche océanographique ou l’exploration pétrolière, son usage principal reste avant tout militaire. Élément important de la dissuasion nucléaire, il constitue la clé de voûte de l’équilibre des forces internationales et conserve à ce titre une importance stratégique prioritaire qui impose le secret sur la plupart des technologies qui lui sont spécifiques. Avec la visite du Flore sur l’ancienne base militaire de Lorient, le public peut explorer de l’intérieur la structure de ces monstres d’acier dont le fonctionnement repose sur une combinaison de principes physiques élémentaires et de technologies de pointe. Plongée immédiate.
Des principes sous-jacents
Aussi étonnant que cela puisse paraître, visiter l’intérieur d’un sous-marin, c’est replonger dans la pensée grecque antique. Sa conception repose en effet sur le principe d’Archimède. Grâce à la vidange ou au remplissage de compartiments, appelés ballasts, le navire peut plonger en ouvrant ses purges ou remonter en surface en chassant l’eau de mer par air comprimé. Pour affiner la prise de plongée, les engins modernes sont dotés de régleurs qui permettent d’ajuster son poids précisément et descendre ainsi jusqu’à 400 mètres de fond.
Les concepteurs sont également tenus de prendre en compte les implications du principe de Pascal sur la pression exercée par l’eau sur un sous-marin en plongée. En effet, plus la coque de l’engin descend dans les profondeurs, plus la pression est importante. Pour répartir uniformément la charge, la coque est toujours de forme cylindrique et son épaisseur doit être pensée en fonction de l’immersion maximale prévue. On utilise par ailleurs des matériaux à la fois souples et résistants, notamment de l’acier à haute élasticité, pour minimiser les contraintes sur la structure.
Le sous-marin, un concentré de technologies spécifiques
Outre les ballasts et les régleurs, le sous-marin est doté de barres de plongée qui orientent la coque lors de la prise de plongée ou de la remontée. Des caisses d’assiette permettent d’affiner l’équilibre longitudinal de l’engin en faisant passer l’eau de l’avant vers l’arrière et inversement. En surface, l’équipage peut utiliser un périscope pour se repérer et voir sans être vu et enclencher ses missions de combat ou de surveillance et utiliser ses missiles anti-aériens.
Comme pour tout navire, le système de propulsion est un élément déterminant de la capacité des sous-marins à atteindre leurs objectifs. Généralement électrique, il actionne une hélice aux pales de grande taille grâce à des accumulateurs ou à un réacteur nucléaire, toujours secondés par des moteurs diesel de secours. Enfin, la régénération de l’atmosphère intérieure est un aspect critique de la vie à bord. Le schnorchel permet de renouveler l’air à chaque sortie en surface mais la plupart des sous-marins nucléaires sont dotés d’une usine à oxygène qui électrolyse l’eau de mer et absorbe le gaz carbonique.
En immersion dans le Flore
La vie des sous-mariniers n’est pas un long fleuve tranquille. Promiscuité, manque d’espace et conditions de vie contraignantes sont difficilement imaginables pour qui n’a jamais mis les pieds dans un sous-marin. Sur l’ancienne base militaire de Lorient, il est désormais possible pour le grand public de se rêver en sous-marinier en parcourant les étroites coursives du Flore-S645, le 5ème de la série des sous-marins français Daphné, qui a parcouru les mers du globe pendant près de 30 ans.
Pesant près de 800 tonnes et mesurant plus de 60 mètres de long, ce témoignage de l’époque tendue de la Guerre Froide ouvre ses quartiers à tous ceux qui souhaitent s’immerger, le temps d’une visite, dans le quotidien de soldats aussi discrets que courageux. Des bannettes à la salle des machines, en passant par le centre opératoire et le poste des torpilles, tous les aspects de la vie à bord vous seront accessibles et vous pourrez ainsi revivre les plus grands moments d’Octobre rouge et vous confronter à la technologie de pointe de la Marine Nationale française. Immersion totale garantie !